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Tue, 07 Jul 2020

Slack et zoom - une cage dorée pour les astronomes

Pourquoi les astronomes ne devrions-nous pas utiliser Zoom ou Slack pour la communication en texte/audio/vidéo/fichiers sur l'Internet ?

Parmi les raisons pratiques sont :

  1. nous devrions « garder le contrôle d software sur nos logiciels — afin qu'ils ne nous contrôlent pas » ;
  2. nous devrions utiliser des logiciels qui permettent et encouragent l'interopérabilité comme le smtp pour le mél, afin que personne soit obligée d'utiliser un serveur ou un logiciel en particulier 
  3. nous devrions pouvoir facilement exporter nos communications et nos informations liées et les copier ou les déplacer vers un autre serveur 
  4. nous ne devrions pas être obligé-e-s d'installer des logiciels invérifiables qui pourraient comporter des chevaux de Troie, des portes dérobées ou d'autres logiciels malveillants.
Zoom et Slack tous les deux violent le critère 1 — ces logiciels sont non-libres. 2. En 2018, Slack a cessé de permettre la connection sur deux des protocoles les plus répandus — irc et xmpp : l'entreprise s'oppose à la liberté de connection entre les réseaux de messagerie instantanée. La stratégie de Slack consiste en "gradually burning these bridges/gateways" pendant qu'elle augmente sa part du marché s'appelle l'enfermement propriétaire ("vendor lock-in"). 3. Il faudrait vérifier si Slack/Zoom facilitent l'exportation des données, mais je soupçonne que non. Ceci est encore une composante de l'enfermement propriétaire. 4. L'usage de Zoom nous oblige d'installer des logicels dangereux (des blobs binaires) sur nos ordinateurs. Nous et la communauté plus large ne pouvons pas vérifier que les blobs binaires exigés par le client Zoom sont libres des portes dérobées et des chevaux de Troie. Le logiciel client de Zoom est un logiciel invérifiable.

Les conséquences justifient-ils l'action ? Faut-il rejeter l'éthique déontologique ? Indépendamment des raisons pratiques pour ne pas utiliser ni Zoom ni Slack (ni Skype, MS Teams/GAFAM, Webex), il y a bien des raisons déontologiques~:

Parmi les raisons déontologiques sont :

  1. « Vous êtes le produit, pas le client. » Quand vous utilisez Zoom ou Slack, c'est vous le produit qu'elles vendent aux clients achetant vos données. Elles feront tout ce qu'il le faut pour garder un gros tas d'utilisateur-ice-s dans un état de dépendance psychique à leurs services, et sacrifieront votre vie privée, votre liberté d'interopérabilité, votre droit de sauvegarder votre propres données, ou votre cybersécurité, si c'est dans leurs intérêts corporatifs.
  2. Si vous demandez à votre communauté d'utiliser Slack ou Zoom, vous affaiblissez le soutien pour les communautés construites de façon plus déontologique — celles établies sur la base des logiciels libres, la transparence, la coopération, la liberté intellectuelle. Les développeur-se-s de Jitis/BBB/Jami/Matrix ont besoin des rapports de bugs, des souhaits, des débats ouverts et constructifs et de l'encouragement a persévérer. Rien n'interdit le soutien de développeur-se-s des logiciels communautaires avec du fric : qu'un logiciel soit libre n'interdit pas son soutien financière.

Le contre-argument le plus courant contre les arguments conséquentialistes et déontologiques, c'est la Tyrannie de la commodité [Keye 2009] (aussi [Wu 2018]). « Ça marche !  Ça marche ! Je ne souhaite que de communiquer de façon efficace et sympathique ! Je ne suis pas informaticien-ne ! La plupart des gens de notre communauté l'utilisent, alors nous aussi nous devrions y participer ! Et après tout, Zoom/Slack a la fonctionnalité X, ce que je n'ai pas trouvé sur Jitsi/BBB/Jami/Matrix en cherchant même pendant cinq secondes.» Ce qui nous ramène au conséquentialisme. La fin est-elle suffisamment bonne pour justifier les moyens et laisser tomber la déontologie ? Les logiciels sont au cœur des luttes géopolitiques et économiques du XXIème siècle. Faudrait-il soutenir les logiciels autoritaires et des entreprises de l'informatique quasi-totalitaires parce que « c'est bien commode ? Combien des gens du XXème siècle ont décidé que la commodité a justifié des petites actions, en tant que telles « non-politiques » mais soutenant de façon implicite les gouvernements totalitaires de ce siècle ? Et Slack comment se comporte-t-il envers ses employé-e-s ? "Slack employees ... cannot speak out about [the propietary Slack software], for fear of retribution (so they're inherently gagged by fear over mortgage etc. or self-restraint that defies logic/ethics)", selon Roy Schestowitz.

Les alternatifs existent ! En complément aux arguments pratiques en haut, si nous voulons de la communication en texte, en voix et en vidéo — et après tout, nous sommes humains et il est important pendant la pandémie de ne pas perdre du contact vidéo-à-vidéo — ça nous rassure — alors il faudrait se rappeler que nous avons déjà des logiciels libres existants pour faire tourner chez nous ainsi que des serveurs fonctionnant sous ses logiciels. Regardant https://switching.software on voit tout de suite :

Slack et Zoom nous contrôlent si nous utilisons leurs services. Mais nous contrôlons Jitsi/BBB/Jami/Matrix.

Pour de la communication plus solide, le paradoxe, c'est comment c'est possible pour des docteurs en astrophysique de prétendre qu'ils et elles ont du mal à travailler avec l'irc. L'irc est efficace, solide, léger et a bénéficié des plusieurs décennies de debuggage et du développement. On peut choisir n'importe quel client qui nous convient sur notre propre ordinateur — dans une interface graphique indépendante, dans un browseur ou dans le terminal. Ce n'est pas sorcier. Et puisque nous ne pouvons pas faire de la science non-sorcière sans taper des équations, du texte, des raisonnements, des lignes de codes — qu'est-ce qui ne va pas avec de l'irc ? Pour l'analyse des observations, des bases de données, des logiciels, des figures, des repositoires git, tout en fin de compte est gérable en texte. En tous cas, ce qui veulent de l'audio/vidéo l'ont bien avec Jitsi/BBB/Jami/Matrix.

Non seulement Zoom et Slack sont des services impratiques et déontologiquement douteux, mais il est inutile de les utiliser. Ils ne fournissent pas de la liberté à communiquer ; il nous accueillent en prison — qui, pour l'instant, paraît bien dorée, si on ne regarde pas trop proche les coûts réels.

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Mon, 01 Jul 2019

La science reproduisible : le problème de l'évolution des logiciels

Pourquoi publier un article scientifique si un lecteur-ice expert-e est obligé-e de faire un tel effort pour reproduire les résultats qu'il ou elle est effectivement découragée de le faire ?

Dans le contexte du logiciel libre et des repositoires git, il est en principe possible de donner au lecteur-ice la possibilité de reproduire toutes les figures et tables d'un article de recherche avec seulement quelques lignes de commandes en shell, voire reproduire l'article de recherche en entier lui-même, ce qu'essaie de faire Mohammad Akhlagi. Akhlagi présente son approche ainsi que celles de plusieurs autres, surtout entre 2012 et 2018, dans un billet de blog.

Son approche de « tout télécharger » a pourtant certains bémols. En principe, elle permet à une reproduction parfaite des calculs, mais dans la pratique, elle risque d'être lourde en ressources de téléchargement et de cpu, il y a des risques de sécurité en utilisant les versions de bibliothèques désuets, ça pourrait être difficile en pratique après plusieurs années à cause de l'enfer des dépendences entre logiciels, et sur le long terme, il n'est pas si évident que la reproduisibilité exacte serait toujours faisable.

C'est pourquoi dans 1902.09064, j'ai opté pour l'approche « préférer les bibliothèques indigènes », c.a.d., préférer les bibliothèques gérées par le système d'exploitation de type GNU/Linux, où une communauté ouverte, comme Debian, gèrent systematiquement les bogues, les mises au jour, la documentation, l'assurance qualité, et la distribution des logiciels. Les désavantage est qu'en principe, la reproduisibilité est moins exacte, mais l'avantage est dans l'efficacité en ressources (téléchargement, compilation), la sécurité des logiciels et du système d'exploitation, l'efficacité (relative) de la gestion des dépendances entre logiciels, et dans la pratique, cette approche pourrait, peut-être, être suffisante pour tracer les bogues et les erreurs scientifiques dans les logiciels de recherche.

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Sat, 06 Apr 2019

Pourquoi il faudrait indiquer toutes les références ArXiv dans une bibliographie

Depuis la fin des années '90 il est devenu quasi-obligatoire que des articles de recherche en cosmologie soient « prépubliés » sur le serveur de prépublications ArXiv, ce qui garantit le libre accès par la voie verte. Mais les éditeurs des journaux à comité de lecteur obligent les auteurs d'enlever les identificateurs ArXiv (qui sont normalement cliquables dans les fichiers pdf des articles, afin d'ouvrir les URLs dans un browseur) dans les versions « officielles » des articles acceptés par les journaux (en fonction des évaluations scientifiques faites par des rapporteurs indépendantes).

Ce qui en effet détruit l'effet du green open access. Certains journaux, mais pas tous, mettent les articles en accès ouvert « par la voie dorée » ou bien grace à un frais accès ouvert doré de 1000 euros ou quelque chose de ce genre, ou bien après un délai d'embargo, par ex. de 12 mois ou de 5 ans. Mais cela ne justifie en rien l'insistance à cacher les identificateurs ArXiv. Les résultats de la recherche scientifique fondamentale devrait être disponibles à tout le monde, même si très peu de gens vont directement en profiter dans la pratique. Rendre plus difficile l'accès aux articles fourni par un système solide et bien rodé (ArXiv) est peu compatible avec l'éthique de l'esprit accès ouvert.

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